Alors comment choisir?

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Alors comment choisir?

Tai Chi Chuan —vs—  Chi Cong ???                    .

Quel choix, pourquoi ?     pour qui ?             Ci- dessous vous trouverez quelques renseignements afin de vous aider à faire votre choix…

Deux richesses du Tai Chi Chuan par rapport aux Chi Cong :

1) La relation au temps, continuité du mouvement.

2) L’irruption de l’autre dans son espace.

1) Le déroulement continu du mouvement :

La forme du Tai Chi Chuan est comme un seul mouvement ininterrompu et sans cesse changeant. L’observation des changements que permet la construction spécifique au Tai Chi Chuan devient, progressivement au cours de la pratique, un fondement de l’apprentissage à travers l’érosion du contrôle, le passage du contrôle à l’observation dans l’instant, et l’accès à un régime d’activité paradoxal de « non-agir ».

Contrôler n’aboutit qu’à une correction a posteriori dans un but postural pratique ou esthétique. Le non-agir – et non pas le lâcher-prise – laisse de côté le contrôle avec tous ses jugements retardataires, ses frustrations, ses auto-sanctions, et ses efforts mentaux pour déterminer le geste juste, contrôle toujours partiel et limité au connu. Le non-agir naît de la conscience même de ce contrôle décevant et de sa cessation délibérée. Alors une attention, une observation, une présence à tout ce qui se passe s’établit dans cette absence de contrôle. L’esprit silencieux et vigilant voit dés lors apparaître un tout autre rapport au mouvement. Il constate ses décalages et ses avances, ses différentes couches de fonctionnement, les sensations de tous ordres, sans jugement ni mesure. Laissant ainsi venir la présence à ce qui est – et non la lutte pour ce qui devrait être –, des surprises, des curiosités – potentiellement porteuses de changements inimaginables, de nature différente de celle du mieux faire – des changements apparaissent vraiment de l’ordre du nouveau.

La reprise du contrôle est toujours tentante, mais quand il revient son caractère étroit et conflictuel ne peut plus échapper, et il est à nouveau écarté. Ainsi, plus je vois ce qui se fait, dans l’instant du changement, et non après, plus le mouvement, libéré du contrôle, s’adapte à l’intention. C’est à partir de là que tout bascule dans une autre relation, incomparablement plus joyeuse, avec l’interne.

2) L’irruption de l’autre :

Dans cette pratique apparemment solitaire, les actions sont habitées de la présence permanente d’un partenaire imaginé. Chaque mouvement le met en jeu. En fait, l’autre est un repère de l’action, la justifie et lui donne sens.

Le premier apport de l’autre, c’est l’aléatoire, la surprise, l’imprévisible, ce à quoi je ne peux me préparer. Et c’est en cela qu’il est intéressant d’explorer les possibilités de la forme en une adaptation constante. Les surprises deviennent source de nouveaux apprentissages, de nouveaux métissages, de créativité, faisant appel à des possibilités que nous avions au-dedans sans les connaître.

Le second apport de l’autre est qu’il est la condition de notre reconnaissance propre.

En effet, jusque là, peu de nouveauté à nos conceptions de la relation : fusion/confusion, peur, soumission, distance ou opposition, copie (ou rejet) de ses comportements, en réaction à ses provocations (ou son enseignement). Il ne s’agit bien sûr pas de vouloir les changer, mais de les accueillir et de les questionner, d’en trouver de nouvelles, plus riches, plus paisibles, voire plus joyeuses.

Je ne peux vivre sans relation. Si je cherche une relation ni en fusion (où je me perds) ni en opposition (où je m’épuise), comment puis-je me situer dans un contact adapté? Une des propositions de la forme est d’apprendre à considérer l’autre comme un appui neutre, quelle que soit sa manière d’approcher. Le Tai Chi Chuan nous permet de faire l’expérience de cette « neutralité«  relationnelle, avant de découvrir qu’elle est sans égale pour toute notre vie. Et cela, ne peut que passer par l’expérience de la rencontre, les Chi Cong ne peuvent rien à ce niveau.

Ce que j’entends par appui neutre, c’est qu’à l’endroit du contact, en cet endroit délicat, il ne se passe rien ; pas de pression, pas de volonté de l’un sur l’autre, pas de pouvoir de l’autre sur l’un. C’est un lieu d’écoute, de perception, où toute action parasite l’échange, où l’autre perdrait son intérêt en n’étant plus qu’objet d’action. C’est le lieu où tout se transforme, s’induit : point fixe à partir duquel tout se joue, tout s’organise, chacun de son côté, pour la légèreté des deux sans qu’aucun ne veuille pour l’autre, chacun trouvant un espace complémentaire lui convenant.

Et même, l’existence du point fixe n’est pas voulue, seulement constatée.

Tchuang Tseu : « Que l’autre et soi-même cessent de s’opposer, c’est là le pivot du Tao. »